Call of Cthulhu : Dark Corners of the Earth

Le thème de l’horreur dans la littérature a eu beaucoup de visages au cours des dernières décennies, cherchant sans cesse à se renouveler pour susciter la peur chez le lecteur. Des poèmes fantastiques d’Edgar Allan Poe jusqu’aux fameuses creepypastas (histoires d’horreur diffusées sur le Web, possédant parfois une base réelle, déformée et amplifiée) qui sortent régulièrement, l’humain a toujours été fasciné par cet étrange sentiment qu’est la peur. Parmi cette masse de récits plus ou moins intéressants, un auteur s’est démarqué de par son approche totalement différente de l’horreur, encore à ce jour, qui n’est autre que Howard Phillips Lovecraft (ou H.P. Lovecraft).

À une époque où la mode était encore au fantastique « classique » (fantômes notamment), Lovecraft a imposé au monde sa vision de l’horreur, bien plus viscérale et psychologique que ses confrères, en y introduisant la notion d’ « horreur cosmique ». Ce concept induit la menace constante de toute l’humanité par des divinités monstrueuses venues de l’espace, dont le mythique Cthulhu, emprisonné dans la cité de R’lyek sous la mer, et influençant les humains via des rêves qu’il leur transmet dans son sommeil. Son œuvre survit toujours, bien après sa mort, grâce à de nombreux hommages et références cinématographiques, musicales, littéraires, ou encore vidéoludiques. Et c’est justement d’un jeu qu’on va parler dans ce test, largement inspiré de la nouvelle « Cauchemar à Innsmouth » et du jeu de rôle sur table « Call of Cthulhu ».

Sorti initialement sur Xbox en 2004, Call of Cthulhu : Dark Corners of The Earth est un FPS de type Survival-horror, développé par Headfirst et édité par Bethesda Softworks nous mettant dans la peau de Jack Walters, détective qui à la suite d’un raid sur un manoir investi par des fanatiques religieux sera témoin d’apparitions monstrueuses. Il passera par la suite cinq ans à l’hôpital psychiatrique d’Arkham (celui de Lovecraft, pas de Batman). À sa sortie, de gros trous de mémoire l’ont privé des horribles souvenirs de l’affaire pour laquelle il perdit six ans de sa vie. Il reprend par la suite son ancien poste, et part enquêter à Innsmouth, petite ville côtière dans laquelle un curieux cas de disparition a eu lieu. Ses recherches le conduiront sur la piste d’un obscur ordre religieux vénérant un antique dieu monstrueux, et l’amèneront aux frontières de la folie.

Outre une ambiance malsaine et poisseuse sublimement retranscrite des nouvelles de Lovecraft, c’est en grande partie son gameplay, subtil mélange de survival pur et de FPS qui donnent au jeu son intérêt. Puisant dans les productions survival-horror de son époque, il y ajoute une composante propre à l’univers de Lovecraft, l’effet de la peur sur le personnage, qui est ici intégré un gameplay. Si Jack est exposé trop longtemps à des visions horrifiques, il perd peu à peu l’esprit (symbolisé par des mouvements hasardeux et une vision trouble), et peut même aller jusqu’à se suicider s’il porte une arme en main. De même, la gestion des blessures est également très bien pensée, chaque région du corps donnant des effets spécifiques s’ils sont touchés, comme la difficulté à viser si le bras est cassé, ou le fait de boiter pour le cas de la jambe. Pour en terminer avec les ajouts de gameplay, certains éléments du décor sont interactifs, notamment vers la fin du jeu, comme des cordes ou des rambardes. En effet, les habitants d’Innsmouth et autres monstres ne sont pas les seuls ennemis du jeu, vous aurez parfois à faire face aux éléments, et dans ce cas les armes ne vous seront d’aucun secours.

Concernant les armes justement, il en existe plusieurs catégories dans le jeu, mais elles restent malgré tout très classique, avec les armes à feu légères et lourdes, ainsi que les armes blanches. De même, les combats sont assez peu dynamiques et deviennent assez vite brouillon avec des groupes plus importants. Mais il est toutefois possible de gérer chaque situation avec discrétion, un bouton étant spécifiquement dédié à ce mode. Cependant, le jeu ne donnera que très peu d’indications quant à la manière de procéder lors de certaines phases, et peut donc rebuter certains de par son manque d’intuitivité, renforcé par l’absence totale d’interface en jeu (à la manière d’un Silent Hill 2). Les énigmes sont bien pensées et pas trop complexe, à la différence d’autres jeux du genre, et restent cohérentes avec l’univers développé.

Si l’ambiance viscérale est très bien développée, ce n’est pas le cas des graphismes, ce serait même le seul gros défaut du soft d’après moi. Les modèles de personnages sont assez grossiers, les textures pas assez détaillées, même pour l’époque, mais la direction artistique et l’excellente mise en scène arrivent à éclipser ces lacunes techniques. À savoir que ces problèmes sont plus flagrants sur la version PC, mais n’ayant fait que la version Xbox, je n’ai pas matière à comparer.
En résumé, ce Dark Corners of the Earth est un très bon survival-horror qui parlera surtout aux fans des écrits de Lovecraft, et peut même être une introduction à son univers, d’autant plus qu’il est très fidèle, autant visuellement que dans sa narration. Mettez de côté les petits défauts techniques, et laissez-vous tentez par cette aventure aux portes de la folie…

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