Silent Hill 4 : The Room

Connue de tous, notamment grâce à l’adaptation cinématographique, Silent Hill est l’une des séries les plus importantes dans le genre du survival-horror. Dotés d’une atmosphère unique et de scénarii complexes et bien mis en scène, elle fait figure de référence dans le milieu.
Si assez peu de gamers ont pour habitude de critiquer les trois premiers opus, Silent Hill 4 s’est vu attirer les foudres des fans de la franchise. La faute à des écarts trop importants par rapport à ses prédécesseurs. Il est temps d’éclaircir les choses.

Silent Hill 4 (sous-titré The Room) est donc à l’image des opus précédents un jeu de survival-horror, sorti en 2004 sur PS2, Xbox et PC. Nous sommes amenés à suivre les aventures (ou cauchemars, au choix) de Henri Townshend, retrouvé piégé du jour au lendemain dans son appartement, au 302 South Ashfield Heights, à la suite de cauchemars étranges. La porte d’entrée est barrée de chaines, et les fenêtres sont fermées. La seule échappatoire qu’il aura sera un trou apparu dans sa salle de bain, qui l’amènera vers une réalité alternée, où les environnements sont torturés et remplis monstres.
Le premier élément de gameplay à noter est donc la dualité entre chaque niveau et l’appartement, qui servira de « safe place » (en effet, rien ne peut vous arriver, votre vie remonte et vous pouvez sauvegarder). Les séquences dans l’appartement se dérouleront en vue première personne, accentuant le confinement d’Henri dans son appartement d’où il ne peut réellement sortir, tandis que les séquences du monde alterné se dérouleront à la troisième personne. À noter que les allers-retours vers l’appartement seront fréquents, pour sauvegarder déjà, mais également car l’inventaire du personnage est assez restreint (10 emplacements), ce qui contraindra souvent à se décharger dans le coffre prévu à cet effet.

Concernant le système de combat, ça reste assez classique, mais malheureusement assez lent. Les affrontements manquent de punch et les esquives ne sont pas très réactives. Ce ne sont pas les passages les plus passionnants. D’un autre côté, cela a très certainement été pensé de cette façon en amont. Après tout nous sommes dans un survival-horror, le but est de nous mettre mal à l’aise quelles que soit la situation. Pour moi cette lourdeur de gameplay est donc à la fois un point positif et négatif. Mais on reste malgré tout un cran au-dessus des précédents épisodes à ce niveau (Silent Hill 2 compris).

Le reste du gameplay est basé sur la recherche, même si les maps sont assez restreintes, et la carte est disponible d’office. Quelques allers-retours suffiront pour s’en dispenser, car à défaut d’être original, le level design est efficace et on se perd difficilement. La seule chose que l’on pourrait reprocher est qu’on a des fois du mal à faire le lien entre certains objets, où à quel moment les utiliser. Bien loin de la logique redoutable de son aîné Silent Hill 2, dont les mécaniques extrêmement bien pensées (et pourtant assez évidentes) rendaient la progression délicieusement fluide. Le jeu nous envoie heureusement régulièrement des indices via des pages de Journal Rouge (mystérieux journal dont les pages sont glissées sous la porte d’entrée de l’appartement), ce qui au passage nous révèle des détails sur le scénario.

Maintenant, abordons ce qui fait de Silent Hill 4 un excellent survival-horror, mais avant tout un magnifique jeu vidéo : le scénario et l’ambiance (en général). L’histoire est passionnante et on prend un plaisir malsain à la suivre du début à la fin. De plus, elle dispose de plusieurs degrés de lecture, ce qui permet de se faire ses propres conclusions sur certains détails (car globalement ça se suit quand même facilement). On ne suit pas juste l’histoire bêtement, on se questionne, on essaye d’anticiper, en bref on est véritablement acteurs de cette fresque macabre (notamment concernant l’appartement, au cœur du jeu et de l’histoire).

Enfin, l’ambiance est vraiment l’élément central du jeu, au-delà même du scénario. Si la technique est moyenne (dans la norme mais même à l’époque il y avait plus beau), la direction artistique poisseuse et malsaine rattrape largement ces petites lacunes. Chaque zone est travaillée pour installer un climat de tension, et se renouvelle à chaque nouveau chapitre, pour toujours proposer une ambiance propre à chaque décor. De plus, le sound design installe un climat vraiment dérangeant, qui ne laissera pas indifférent. Cette ambiance si particulière n’a pas pour but d’effrayer à proprement parler, mais de mettre mal à l’aise, apportant intelligemment un vrai climat d’angoisse.
Pour finir, Silent Hill 4 est un opus qui, bien que chaotique, reste globalement maîtrisé (malgré une seconde partie qui divise, consistant à revenir dans les lieux précédents avec en plus Eileen, dont la santé influera sur la fin du jeu), avec une véritable identité qui aurait pu contribuer à renouveler la saga. Son parti pris de ne pas le faire se dérouler directement dans la ville de Silent Hill, tout en y faisant des allusions tout au long de l’histoire partait d’une véritable volonté de proposer une expérience nouvelle.
Mention spéciale à cette notion de faux-semblant qui semble traverser l’œuvre tout au long de l’expérience. Concernant l’aspect sûr de l’appartement (notre safe place pendant la première moitié du jeu), certains sons presque déconnectés de leur propre univers, la progression trop fluide avant le niveau de transition, ou même les personnages en eux-mêmes, Henri en tête. Tout semble avoir été fait pour brouiller les pistes, et ainsi pousser à l’interprétation personnelle, remettant parfois en question des pans entiers de l’histoire, voire même des concepts régissant cet empilement de lieux disparates. Un excellent sujet d’analyse (bien que, encore une fois, ne parvenant à voler la vedette au second opus de la série, considéré à juste titre comme une légende du survival-horror).

Si les quelques bizarreries de l’œuvre ne vous bloquent pas, l’expérience que vous en tirerez, elle, pourra vous rester en tête un long moment. Il n’est même pas nécessaire d’avoir joué aux précédents, même s’il a été numéroté quatrième de la série. Raison de plus pour vous y plonger, que vous connaissiez la série ou non, amateur de survival-horror, ou juste curieux qui recherche des sensations de vidéoludiques nouvelles.
Laissez-vous tenter par l’expérience, le 302 n’attend plus que vous…

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